«Lorsqu'une montagne vous a pris le coeur, c'est une passion véritable, tout en vient et tout y ramène»

FRANZ SCHRADER (1844-1924) : un pyrénéiste d'exception

Jean Daniel François Schrader, dit «Franz», naît à Bordeaux le 11 janvier 1844 au coeur des Chartrons. Son père Ferdinand, originaire de Magdebourg en Prusse, a émigré à l'âge de seize ans et s'y est installé au sein d'une importante colonie allemande. Sa mère, Marie Louise Ducos, bordelaise, descend d'une famille huguenote de Nérac ; elle est la cousine germaine des géographes Elisée et Onésime Reclus, déterminants pour la carrière future de Franz Schrader. Ce dernier grandit entre une mère tendre et plutôt protectrice et un père à l'autorité trop ferme. A 10 ans, c'est un enfant ingénieux et habile de ses mains. Ses premiers dessins représentent des scènes de la vie portuaire et révèlent un tempérament curieux de tout et très observateur, qui aime d'un crayon juste et sûr se saisir de ce qu'il voit tel qu'il le voit.

Ferdinand «place» son fils comme gratte-papier chez un percepteur lui coupant tout accès à un enseignement supérieur. Par chance, un ami de son père, M. Barckausen, lui offre un emploi dans sa maison de commerce et lui permet d'acquérir, en autodidacte, une solide formation dans les domaines littéraires et scientifiques.

En 1866, Franz Schrader a 22 ans. Il cherche toujours sa voie ; assurément elle n'est pas dans le commerce. Tout bascule un jour de l'été 1866 lorsque Léonce Lourde Rocheblave l'invite à venir séjourner dans sa famille, à Pau. Le matin du 5 août, Franz «ouvre sa fenêtre et sur sa gauche, au bout de la rue, aperçoit des montagnes. Coup de foudre. Il court d'un trait à la terrasse du château et demeure muet et stupide devant cette chose nouvelle qui vient de rentrer dans sa vie et qui va la transformer ...» rapporte plus tard Beraldi.

La rencontre est faite, le lien est établi, indissoluble il durera cinquante-huit ans. Deux grands personnages, par leurs écrits, contribuent fortement à préciser et orienter sa vocation : Ramond de Carbonnières (1755-1827) avec les Voyages au Mont-Perdu, Henry Russell (1834-1909) avec Les grandes ascensions des Pyrénées, guide d'une mer à l'autre.

Amoureux des Pyrénées et cartographe ingénieux